Il s’agit d’un instrument doté de 26 télescopes avec un très large champ permettant d’observer un très grand nombre d’étoiles brillantes. L’objectif scientifique de la mission est de détecter, grâce à la méthode des transits planétaires, des planètes rocheuses dans la zone habitable et – simultanément – de déterminer, grâce à la sismologie, les caractéristiques des étoiles hôtes de planètes. Ceci est important pour faire progresser notre connaissance de la formation et de l’évolution des systèmes planétaires.
Cette mission bénéficiera également d’une très forte synergie avec la mission GAIA ainsi qu’un suivi spectroscopique depuis le sol. En particulier, PLATO fournira les masses, rayons, et âges des étoiles et planètes avec une précision sans précédent.
L’étude des étoiles et de leurs planètes
Étoiles et planètes naissent ensemble à partir du même milieu, et donc partagent les premières phases de leur histoire. Leur formation et leur évolution restent ensuite intimement liées. L’évolution des systèmes planétaires doit donc être considérée comme un tout, et la compréhension de l’évolution des planètes passe par celle de l’évolution stellaire.
De plus, la caractérisation des exoplanètes (mesure de leurs paramètres orbitaux, de leur taille, de leur masse, de leur âge) nécessite celle de leurs étoiles-hôtes. En effet, la plupart des mesures que nous pouvons obtenir sur les systèmes exoplanétaires concernent les rapports des quantités décrivant la planète à celles décrivant l’étoile : rapport des rayons planète/étoile, rapport des masses, etc.
L’approche proposée pour la mission PLATO est précisément d’étudier simultanément les exoplanètes et leurs étoiles-hôtes, observées ensemble par la même technique.
Détecter et étudier les exoplanètes grâce à leurs transits
La photométrie à ultra-haute précision, telle qu’utilisée dans le cadre de la mission CoRoT, permet de détecter le transit des exoplanètes devant leur étoile-hôte, selon le schéma ci-dessous :
La méthode photométrique est pour l’instant la seule permettant de mesurer le rapport des rayons de la planète et de l’étoile, en mesurant la profondeur du transit sur la courbe de lumière. Elle nous donne également la possibilité de détecter de petites planètes telluriques.
Caractériser les étoiles-hôtes par l’astérosismologie
L’astérosismogie est l’étude des oscillations stellaires, qui sont des ondes acoustiques se propageant à l’intérieur des étoiles. Les fréquences de ces oscillations dépendent de la structure de l’intérieur des étoiles, donc leur mesure nous permet de sonder directement les intérieurs stellaires. C’est ainsi que l’analyse fine des fréquences d’oscillation d’une étoile nous permet de mesurer précisément sa masse, son âge, sa rotation interne, ainsi que d’autres détails de sa structure interne.

Crédit : Eric MICHEL
Cet outil nous permettra de mesurer les caractéristiques des étoiles-hôtes des exoplanètes détectées par PLATO, et d’en déduire celles des planètes, en particulier leur âge.
L’astérosismologie sera également utilisée par PLATO pour progresser dans notre compréhension de l’évolution stellaire.
Concept instrumental de PLATO
Le satellite PLATO observera deux champs de 2150 deg2, chacun pendant 2 ans lors de la phase nominal de la mission. Le champs sud sera le premier observé par la mission et le consortium pourra adapter la stratégie en fonction des résultats obtenus lors de cette première série d’observations. A noter que la période nominale de la mission est fixée à 4 ans mais que le satellite a été conçu pour avoir une durée de vie d’au moins 8 ans. Cela laisse entrevoir une ou plusieurs extensions qui permettront d’adapter la stratégie d’observation. Environ 250 000 milles étoiles naines froides seront donc scrutées à la recherche de planètes, parmi lesquelles les 20 000 les plus brillantes seront mesurées avec une précision suffisante pour détecter et analyser leurs oscillations. Les exoplanètes dont l’étoile-hôte sera analysée par sismologie, pourront donc être caractérisées : en particulier nous connaîtrons de manière fiable leur taille, leur masse et leur âge.
Le concept instrumental de PLATO consiste en un ensemble de 24 caméras identiques, entièrement dioptriques, de 120mm de pupille, observant le même champ de 38.5° de diamètre à la cadence d’une image toutes les 25 secondes. Deux caméras supplémentaires observeront un champ plus petit, mais à la cadence de 2,5 secondes, et seront dédiées à la mesure des étoiles les plus brillantes du champ. Chacune de ces caméras est équipée de son propre plan focal, constitué de 4 CCDs de 4510 x 4510 pixels. Les images de chacune de ces caméras sont traitées à bord et, soit les courbes de lumière et les barycentres, soit des portions d’images centrées sur les étoiles cibles (les « imagettes »), des étoiles présentes dans le champ sont mesurées et transmises au sol, indépendamment pour chaque caméra.

Copyright : ESA/ATG medialab
Un élément important de PLATO sera l’organisation d’observations de suivi au sol. En particulier, la mesure des vitesses radiales des étoiles pour lesquelles des transits auront été détectés permettra d’une part de confirmer la présence des planètes et d’autre part de mesurer leur masse.
Par ailleurs, pour les exoplanètes détectées autour des étoiles les plus proches et les plus brillantes, des observations avec d’autres instruments, comme l’E-ELT ou bien le télescope spatial JWST, permettront une étude des atmosphères planétaires.
PLATO sera injecté sur une orbite autour du point de Lagrange L2, par un lanceur Ariane 62. La stabilité de cette orbite lui permettra d’observer sans interruption (ou presque) le même champ pendant plusieurs années, moyennant une rotation du satellite autour de la ligne de visée tous les 3 mois.

Implication du LIRA
L’implication du LIRA dans la préparation de la mission PLATO est quadruple, à savoir :
Contributions au pilotage scientifique de la mission
Un membre du LIRA fait partie de l’équipe scientifique PLATO dirigée par l’ESA (PSWT : PLATO Science Working Team) qui a pour mission de décider du profil de la mission en lien avec le consortium.
Contributions à la réalisation de l’instrument
Au niveau de l’instrument, le LIRA fournit le logiciel vol des voies N DPU.
Le logiciel de vol des N-DPU est le logiciel embarqué qui pilote les 24 caméras normales de la charge utile du satellite PLATO. Il met en œuvre des algorithmes de photométrie qui permettent de réduire le flot de données produit par les caméras en calculant, directement à bord, le flux des étoiles ou en transmettant des fenêtres de 6x6 pixels centrées autour des étoiles.
Ce sont ces données qui seront utilisées par le segment sol pour construire les courbes de lumière des étoiles et détecter des exoplanètes. Ce logiciel a été conçu et réalisé par l’équipe "Logiciels Vol" du LIRA. Une description détaillée est proposée sur cette page :
Contributions au centre de mission (PDC)
Au sein du PLATO Data Center (PDC), l’équipe PLATO du LIRA dirige et coordonne le groupe de travail nommé "Data Processing Algorithm" (WP32) qui a en charge l’étude et la spécification détaillée de l’ensemble des traitements bord et sol de la mission PLATO. Ce groupe rassemble du personnel chercheur et ingénieur du LIRA ainsi que de nombreux collaborateurs étrangers (Portugal, Brésil, Allemagne, Angleterre).
Le LIRA est également impliqué dans le développement et la validation de la chaîne de traitement sol des courbes de lumières (et imagettes) qui seront acquises à bord. Cette chaîne sera ensuite intégrée par l’ESA dans son centre de mission.
Contributions au Science Preparation Management (PSPM/WP12)
Le LIRA a la responsabilité de l’étude et des spécifications détaillées des procédures de caractérisation des étoiles hôtes : détermination des masses, rayons, âges, rotation, activité stellaire etc… Il est aussi en charge aussi des spécifications et la construction des grilles de modèles stellaires.
Il a également la responsabilité de l’animation de la communauté de physique stellaire européenne autour de la mission PLATO. Une description détaillée est proposée sur le site :
Membres du LIRA impliqués dans la préparation de la mission
Équipe N-DPU
- Philippe PLASSON
- LeeRoy MALAC-ALLAIN
- Pierre-Vincent GOUEL
Équipe DPA
- Réza SAMADI
- Diane BÉRARD
- Julio RABANAL
- Renaud ROMAGNAN
- Sophie JACQUINOD
- Emmanuel GROLLEAU
- Daniel REESE
- Eric MICHEL
Equipe PSM/WP12
- Kévin BELKACEM
- Rhita-Maria OUAZZANI
- Marie-Jo GOUPIL
- Jordan PHILIDET
- Christian RENIÉ
- Olivier ROTH
- Yveline LEBRETON
- Benoît MOSSER
- Coralie NEINER
- Ludovic PETITDEMANGE
- Caroline BARBAN
- Richard MONIER
- Claude CATALA
- Didier TIPHÈNE