VIRTIS
L’objectif principal de VIRTIS est de procéder à des observations de spectro-imagerie sur la comète 67P/Tchourioumov-Guérassimenko couvrant le domaine UV-IR. L’étude porte aussi bien sur le noyau de la comète (et les astéroïdes croisés en chemin) que sur sa coma. L’association d’un spectro-imageur visible-proche infrarouge (VIRTIS-M) et d’un spectromètre infrarouge à dispersion croisée (VIRTIS-H) fournit une combinaison optimale pour étudier la variabilité de la surface et les signatures subtiles de l’atmosphère et des glaces.
Le modèle de rechange de VIRTIS a par la suite été intégré à la charge utile de la mission Venus-Express, en opérations depuis avril 2006. Cette filière instrumentale a ensuite été déclinée pour d’autres expériences : VIR, embarqué sur la mission Dawn (à Rome) est une adaptation de VIRTIS-M ; les projets SIMBIO-SYS/VIHI sur BepiColombo, MaRIS pour MarcoPolo-R, et MIRTIS pour ExoMars Orbiter (au LESIA) utilisent l’héritage de VIRTIS.

(Crédits : VIRTIS team)
Virtis-M

VIRTIS-M possède une seule tête optique (télescope de Shafer + spectromètre Offner), le signal étant renvoyé sur deux détecteurs bidimensionnels distincts : la voie Visible (CCD, 0,25-1 µm) et la voie Infrarouge (HgCdTe, 1-5,2 µm). La dispersion spectrale est effectuée dans une direction des détecteurs, l’autre dimension fournissant une image de la fente d’entrée divisée en 256 pixels. La seconde dimension spatiale est acquise au cours du temps, avec le déplacement de la sonde sur sa trajectoire. Un miroir d’entrée permet d’augmenter les capacités de pointage et de balayage spatial.
Le design est extrêmement compact, les deux réseaux Visible et IR étant imbriqués l’un dans l’autre. L’instrument est adapté à la cartographie systématique, avec une résolution spectrale permettant l’étude des minéraux et des glaces (R=200).

Virtis-H

VIRTIS-H est un spectromètre échelle, utilisant un prisme et un réseau en série. Le domaine spectral 2-5 µm est dispersé en 8 ordres sur un détecteur infrarouge bidimensionnel. En mode nominal les spectres sont reconstitués à bord avant transmission pour économiser la bande passante. Les deux dimensions du détecteur étant utilisées pour la dispersion spectrale, l’instrument n’acquiert qu’un seul spectre à la fois et l’unique dimension spatiale est acquise au cours du temps (spectromètre ponctuel).
Les objectifs scientifiques de la voie H sont l’observation de la coma et des émissions de gaz, et celle du noyau. Dans le premier cas, la résolution de l’instrument (R=1500) lui permet de séparer les raies H2O et CO, dans le second, de distinguer les signatures à 3 µm des PAH (matériaux organiques à base de cycles aromatiques) et de la glace de méthanol, ou de séparer les signatures de glace et de minéraux.

Caractéristiques
Les deux voies M partagent la même optique. Les deux voies IR utilisent des détecteurs identiques. Le CCD de la voie Visible est refroidi passivement. Les deux détecteurs IR sont refroidis à 70 K par deux machines à détente Stirling.
VIRTIS-M visible | VIRTIS-M IR | VIRTIS-H | |
---|---|---|---|
Domaine spectral (µm) | 0,220–1,046 | 0,952–5,059 | 1,88-5,03 |
Résolution spectrale | 100–380 | 70–360 | 1300–3000 |
Champ (mrad x mrad) | 63,6 (fente) × 64,2 (scan) | 63,6 (fente) × 64,2 (scan) | 0,49 × 1,47 |
Résolution spatiale (mrad) | 0,2486 (fente) x 0,2508 (scan) | 0,2486 (fente) x 0,2508 (scan) | 0,49 × 1,47 |
Télescope | Shafer | Shafer | Parabolique hors-axe |
Spectromètre | Offner | Offner | Echelle |
Détecteurs | CCD 508 x 1024 | HgCdTe 270 x 436 | HgCdTe 270 x 436 |
Température de fonctionnement (K) | 150-190 | 65-90 | 65-90 |

Personnels LESIA impliqués
L’instrument VIRTIS résulte d’une collaboration tri-nationale :
- l’Italie (A. Coradini puis F. Capaccioni, IAPS/INAF, responsable scientifique) qui coordonne l’intégration de l’instrument et la réalisation de la voie de cartographie VIRTIS-M (visible et infrarouge)
- la France (P. Drossart puis S. Erard, LESIA, coordinateur national) pour la voie VIRTIS-H de spectroscopie infrarouge à haute résolution
- l’Allemagne (G. Arnold, DLR, coordinatrice nationale) pour la réalisation de l’électronique de l’instrument et du logiciel de bord
Stéphane Erard | Coordinateur national, | |
Pierre Drossart | Coordinateur national initial (1995-2010) | |
Antonella Barucci | ||
Nicolas Biver | ||
Dominique Bockelée-Morvan | ||
Michel Combes | ||
Jacques Crovisier | ||
Daniela Despan | ||
Thérèse Encrenaz | ||
Sonia Fornassier | ||
Cédric Leyrat | ||
Frédéric Merlin | ||
Didier Tiphène | ||
Batiste Rousseau | Doctorant |
Florence Henry | Chef de projet, Gestion des données | |
Jean-Michel Reess | Chef de projet (2010-2014), Optique | |
Alain Sémery | Chef de projet initial (1995-2010) | |
Xavier Bonnin | Gestion de données (2008-2010) | |
Marc Bouyé | Mécanique, qualité | |
Olivier Dupuis | Assemblage, Intégration et Tests | |
Agnès Fave | Documentation | |
Yann Hello | Détecteurs | |
Gérard Huntzinger | Electronique de proximité | |
Sophie Jacquinod | Gestion de données | |
Driss Kouach | Thermique | |
René Knoll | ||
Jérome Parisot | Assemblage, Intégration et Tests | |
Alain Piacentino | Bureau d’études | |
Jean-Pierre Rivet | Atelier mécanique | |
Douchane Stéfanovitch | Electronique |
Vincent Debout | Spectroscopie infrarouge moléculaire avec VIRTIS/Rosetta (2015) | |
Jennifer Romon | Simulation des états de surface de noyaux cométaires et TNOs (2002) | |
Yamina Ghomchi | Caractérisation et étalonnage du détecteur IR de l’instrument VIRTIS-H pour la mission cométaire Rosetta (2001) | |
Aurélie Le Bras | Etude de l’état de surface des astéroïdes par spectroscopie infrarouge en réflectance (2001) |
Avant intégration de l’instrument complet, VIRTIS-H a été étalonné séparément au LESIA dans la cuve SimEnOm, et les détecteurs ont été étudiés sur le banc de test YACADIRE.